Comment écrire un Dialogue ? Les fondamentaux.

Image d'un jeune auteur devant sa machine à écrire se demander comment écrire un dialogue convainquant


L’art d’écrire un dialogue, la clé principale des succès littéraire ?

Avez-vous déjà lu un roman où les dialogues sonnaient faux, vu un film où les personnages récitaient des répliques sans vie, ou subis de l’exposition en veux-tu en voilà au travers d’un monologue maladroit ? Écrit avec les pieds de ChatGPT, mal maîtrisé, malvenu voire dérangeant, un mauvais dialogue brise la magie d’une histoire et ramène le lecteur à la réalité. Réalité qu’il tentait d’échapper. La réciproque est cependant valable : de bons dialogues donnent vie aux personnages, les rendent attachants et crédibles, ils propulsent l’intrigue vers son meilleur dénouement et nous plongent dans le maelstrom de l’histoire.

Que vous soyez un auteur débutant ou confirmé, que vous écriviez un roman, une nouvelle ou un scénario… Bienvenu.

I. Pourquoi écrire un dialogue ? Cours 101.

En une phrase comme en cent : le dialogue est un échange verbal entre deux ou plusieurs personnages. Cette base de côté, les dialogues servent à :

  • Faire avancer l’intrigue : les personnages s’échangent des informations, puis prennent leurs décisions en conséquence.
  • Créer de l’émotion : l’émotion est au cœur de l’identification aux personnages. Un personnage dont on comprend les motivations et avec lequel nous sommes en empathie est un personnage que l’on veut suivre jusqu’au bout.
  • Approfondir la personnalité des personnages et leur relation : les paroles traduisent les pensées, (donc) les motivations, (donc) les valeurs. Prenons l’exemple de Thanos, de chez Marvel. Ce garçon-là voulait supprimer la moitié de l’univers. Un gros méchant, donc. Cependant, grâce à un discours jugé « plein de bon sens », il a su trouver grâce aux yeux d’une partie de la fanbase Avenger. Grâce à quelques lignes de dialogues, nous avons pu comprendre ses valeurs et (donc) ses motivations et (donc) nous l’avons suivi avec intérêt.
  • Rythmer le récit. Casser la narration pour renouveler l’attention du lecteur.

Et c’est tout. Si votre dialogue ne coche pas l’une des trois premières raisons, reconsidérez sa place dans sa scène car casser le rythme du récit uniquement pour rythmer le récit est du remplissage. On ne veux pas ça.

II. Comment écrire un dialogue intéressant ?


Parlons efficacité.

Chaque personnage possède une voix unique, soit, une manière de parler qui lui est propre, avec parfois un tic de langage. Sa voix, tout comme la vôtre ou la mienne, reflète sa personnalité (et donc) son niveau d’éducation (et donc) son origine sociale, etc.

Principes de base d’un dialogue efficace :

  • Chaque dialogue sert un dessein. Soit l’avancement de l’intrigue ou d’une sous-intrigue, soit l’avancement d’un personnage, soit l’avancement d’une relation. La chose est subtile mais notez que la notion de progression est péremptoire dans chacun de ces cas. Si le dialogue fait du surplace, votre histoire fait du surplace, votre lecteur fait du surplace.
  • On évite supprime les dialogues de la vie quotidienne, type :

Hey !

– Hey, ça va ?

– Ouais ça va, et toi ?

– Ouais super, il fait beau, hein ? Pour un mois de février, j’entends.

– Ouais, mais hier il a un peu flotté, non ?

– Ouais, ouais. Du coup, avec Lisa on a été à Ikea et on a trouvé en lampe en forme de phallus, tu sais comme elle adore ça ? C’est ta mère après tout.

En dehors du fait que Lisa semble être un amour de femme (et si l’on occulte le punch liner en fin d’échange), ce dialogue n’a pas sa place dans un texte intéressant. Trop plat. Trop commun. Trop ennuyeux. De surcroît, aucune information d’importance n’est délivrée au lecteur. La lampe aurait très bien pu être remarquée par le fils à l’occasion d’une visite de courtoisie et la narration aurait pu se contenter de dire que le fils avait reçu l’appel de son beau-père de frère sur la route du Nord-Pas-de-Calais.

  • Pas d’ironie de la part de tous vos personnages (défaut récurrent chez les jeunes auteurs).
  • Élaguer vos dialogues jusqu’aux branches pour ne garder que l’arborescence intéressante (pour les lecteurs).
  • Pas d’informations inutiles ou superflues.

III. Passez vos dialogues à la vitesse supérieure.

Le verbe de parole « dire » sera votre allié 95% du temps.

Les personnages ne sont pas obligés de crier, de murmurer, de « persifler » chacune de leur réplique. La plupart du temps ils diront les choses, comme nous nous les dirions. En prime, quand vous aurez juste besoin d’indiquer qui parle, « dire » à la formidable capacité de s’effacer pendant la lecture. L’incise laissera donc toute la place à la réplique.

En cas de doute, définissez le background du dialogue

  • Quels sont les enjeux pour les personnages présents ? Que cherchent-ils à obtenir ou à éviter à travers ce dialogue ? Les objectifs sont différents selon le point de vue.
  • Quelles émotions veulent-ils véhiculer au travers de leurs mots ?
  • Y’a-t-il un sous-texte, une tension, un conflit non résolu qui influence leurs répliques ou leurs réactions ?

Le paraverbal est utilisable au même titre qu’un dialogue. Silences inclus.

Les personnages ne sont pas obligés de répondre aux questions qu’on leur pose. Les non-dits peuvent être puissants pour suggérer le caractère d’un personnage. Imaginons une scène de ménage à une heure du matin :

« Ça fait un mois que j’ai l’impression de vivre avec un fantôme, et qu’est-ce que j’apprends pas par Jordan, mon bon à rien d’assistant ? Au bar. T’étais au bar ce soir, à t’envoyer des pintes avec ton boss ! Depuis combien de temps tu te payes ma gueule au juste ? »

Mélanie releva des yeux humides.

« Mais parle, enfin Mél, réponds quelque chose !

« J’ai un cancer », dit-elle.

Malgré l’absence de réponse à toutes ces attaques, l’intrigue avance, les personnalités se dévoilent, la relation évolue, et on garde en prime le mystère de la tromperie tout en ayant un sursaut d’empathie pour l’un comme pour l’autre.

Trois tips en vrac pour être sûr de taper juste

  1. Lisez votre dialogue à voix haute, ou faites-vous lire votre dialogue à voix haute, pour identifier les répétitions, vérifier sa fluidité et voir comment les autres l’interprête.
  2. Comme toujours, apprenez des maîtres : lisez, lisez et lisez.
  3. Enfin, pratiquez, pratiquez, pratiquez.

N’oubliez jamais que les dialogues donnent vie à vos personnages, ou la reprennent. On pardonne certaines faiblesses narratives, on pardonne beaucoup moins des personnages qui s’expriment comme des manches ou des aliens essayant de parler humain.

J’espère que l’article vous a aidé. N’hésitez pas à commenter 🙂

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