Guide : Écrire l’Introduction d’un Roman (et ne Laisser Aucune Maison d’Édition Indifférente)
L’Introduction de Votre Histoire : Premier Pas Vers le Succès, ou l’Échec
Écrire l’introduction d’un roman est sûrement une étape aussi cruciale qu’intimidante. Fréquemment remise à plus tard, certains préféreront même s’y atteler après avoir rédigé le manuscrit en entier. Pour cause, l’introduction représente le contrat tacite que l’écrivain passe avec son public : traitement des personnages, ton, narration, intrigue… Ces premières pages incarnent la vitrine de votre livre, et voici comment les rendre inoubliables.
Qu’est-ce qu’une introduction de roman percutante ?
- Elle Oblige le Lecteur à Tourner la Page : Votre introduction doit saisir votre audience dès les premiers mots. Utilisez une accroche forte qui éveille la curiosité ou provoque une émotion.
- Style et Ton : Le choix des mots et le style d’écriture dans l’introduction donnent le ton pour le reste du manuscrit. Une écriture fluide, maîtrisée et sans faute est essentielle, tant pour les ME (Maison d’Édition) que pour les lecteurs.
- Elle Pose le Cadre : Sans dévoiler toute l’intrigue ou être généreux en détails superflus, donnez suffisamment d’éléments pour situer l’histoire. Ce cadre doit inclure le contexte, le ton, et surtout, des personnages – pas obligatoirement les principaux, mais si possible, des personnages clés à l’histoire. Une introduction sans personnage est une exposition. Vous ne voulez pas faire ça.
- Originalité, (mais pas trop) : Les maisons d’édition recherchent les textes qui sortent du lot. Ce lot représente des milliers de manuscrits chaque année, par grande ME. Il est donc fortement déconseillé de commencer l’introduction par des personnages qui se réveillent, puis réfléchissent sur leur tracas quotidien en sortant de leur lit pour aller ensuite se détailler physiquement dans le miroir de la salle de bains en se brossant les doigts. À moins qu’ils ne traversent ledit miroir, zéro intérêts.
La majorité des maisons d’édition ne consacreront qu’un seul regard à l’introduction de votre manuscrit, se focalisant parfois uniquement sur ses premières lignes : l’accroche.
L’Art de l’Accroche Appliquée à l’Écriture d’un Roman
L’accroche est le cœur battant de votre introduction, elle incarne l’introduction de votre introduction. À ce titre, s’il y a une phrase qui doit être considérée comme la plus travaillé de votre manuscrit, c’est celle-ci.
Comment créer une accroche mémorable ?
La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.
Louis ARAGON, « Aurélien »
Tout comme cette accroche, votre première phrase doit impacter et susciter la curiosité. Pensez dilemme intérieur, pensez question relative à l’intrigue, affirmation audacieuse ou dérangeante, image frappante. Un élément de mystère poussera le lecteur à continuer. Mais attention, subtilité : ne pas trop en dévoiler.
La lune a explosé soudainement et sans avertissement.
Neal STEPHENSON, « Seveneves »
Une accroche efficace est brève et puissante. Si les détails superflus sont malvenus dans l’introduction, imaginez le degré de tolérance des ME pour ceux que vous placerez dans l’accroche. Pendant les deux à trois lignes maximum que vous lui accorderez, votre accroche doit connecter le lecteur à l’histoire et aux personnages par l’émotion : joie, surprise, indignation, suspense, empathie…
C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures.
George ORWELL, « 1984 »
« Appelez-moi Ismaël. »
Herman MELVILLE, « Moby Dick »
« Puis-je aller plus loin avec l’accroche ? »
En plus des points précédemment évoqués, tentez d’inclure dans l’accroche le dilemme moral du personnage, un aperçu de son caractère et de l’intrigue du récit. Et si, pour finir, vous parvenez à glisser en filigrane le spoil de fin de votre livre ou saga dans cette accroche, alors il y a de grandes chances pour que je vous cite dans la version 2.0 de cet article, avec mes compliments. Et mon admiration. Et les clés de ce blog.
Soyez audacieux et engagez le lecteur dès vos premiers mots. Ceci ne peut être assez répété : la plupart des maisons d’édition (j’insiste : les plus importantes reçoivent 5000 à 6000 manuscrits par an) jetteront votre manuscrit sur une accroche bateau. Ils ne seront d’ailleurs pas les seuls : les lecteurs reposeront votre livre sur les étagères de la librairie si vos premiers mots ne leur parlent pas. Prenez le temps, réécrivez l’accroche, et quand vous aurez fini de parfaire votre manuscrit, juste avant l’envoi aux maisons d’édition, revenez l’éditer. N’oubliez jamais qu’après les maisons d’édition, ce sont vos futurs lecteurs qu’il vous faudra convaincre un à un.
Les Éléments Clés Pour Écrire l’Introduction d’un Roman.
Vous avez captivé votre lecteur ou le stagiaire de la maison d’édition avec une accroche sensationnelle ? Merveilleux. Maintenant, vous devez le convaincre avec l’introduction, et si possible, lui donner envie d’aller fourrer votre manuscrit entre les mains de l’éditeur en criant : « J’ai trouvé notre pépite ! »
- Définir le Cadre : Commencez par établir le cadre de l’histoire. Cela inclut, si pertinent, le contexte temporel, géographique, politique et social. Votre récit se passe à notre époque, dans notre monde ? Inutile de l’écrire, deux ou trois éléments narratifs précis suffiront : une tablette qui traîne sur une table, un personnage disant « ok, Google », la mention d’un masque COVID prenant la poussière dans la boîte à gants…
- Présenter des Personnages Clés : Introduisez ces personnages de manière succincte, mais captivante. Il s’agit de donner un aperçu de leur physique et de leur personnalité, pas une nomenclature. Restez dans les grandes lignes. Personne n’a besoin de savoir que le bas de pantalon de Stéphanie s’effile de plus en plus et qu’elle a manqué trois poils autour de sa maléole.
- Suggérer l’Intrigue : Donnez un avant-goût de l’intrigue principale. Avez-vous lu (ou vu) l’introduction de Game of Thrones ? Vous avez là une superbe incursion dans l’intrigue et la menace du récit.
- Établir le Ton : Le ton de votre introduction doit refléter le style général de votre récit. Qu’il soit humoristique, dramatique ou mystérieux, il doit être cohérent avec le reste de votre manuscrit. La seule exception valable est en cas d’arc narratif multiple avec des narrations différentes. Dans un tel cas, choisissez la narration du personnage principal que vous introduisez en premier, ou celui que les lecteurs suivront le plus.
- Rappel – Brièveté et Clarté : Gardez votre introduction concise. Quelques pages tout au plus. Une introduction trop longue ou complexe découragera le lecteur.
En bref, l’introduction représente votre engagement vis-à-vis du lecteur : « voici l’intrigue qui vous attend », « voici ma façon de gérer les personnages et la narration », « voici le monde dans lequel vous allez vivre pour le restant du livre », « voici comment j’ai réussi à vous faire ressentir telle émotion, alors que je n’avais que quelques lignes pour le faire »…
« Voici pourquoi vous devez acheter mon livre ».
Claire, attrayante et prometteuse sont les maîtres mots d’une introduction mémorable.
Soyez Impactant !
Avec ces conseils en tête, vous êtes désormais armé pour rédiger une première page qui ne laissera ni les maisons d’édition, ni vos futurs lecteurs indifférents. L’introduction de votre manuscrit est bien plus qu’un simple début de récit ; elle est une promesse, celle de l’aventure unique que vous proposez.
Idéalement, l’introduction sera l’un des chapitres que vous retravaillerez le plus. Peaufinez-la, astiquez-la jusqu’à ce qu’elle brille, car c’est elle qui représentera votre premier pas dans la lumière.
Faites-en un moment inoubliable.
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