Les 5 commandements de l’écriture amateur

les 5 commandements de lecriture amateur

Connaissez-vous Wattpad ou les fanfictions ? Avez-vous déjà vu Dragon Ball évolution ou la saison 8 de Game of Thrones ? Qu’est-ce que tout ce beau monde a en commun ? Le chatGPTisme, anciennement nommé : l’amateurisme. Attention, être amateur n’est pas un mal quand on exerce un hobby et que l’on n’a pas pour vocation de le passer pro. Si toutefois vous désirez augmenter drastiquement le niveau de votre écriture en des temps record, voici les 5 commandements qui retiennent votre écriture aux rangs de l’amateurisme.

Vides seront tes scènes

Cette impression que le film que vous venez de voir faisait du remplissage, que telle scène ne servait à rien, que l’on avait étiré l’intrigue inutilement… Réduite au plus simple, une scène est une histoire dans l’histoire, et à ce titre, elle doit avoir un début, un milieu et une fin. Ce principe de base établi, et respecté, chaque scène se doit de servir le développement de votre histoire, niveau :

  • Histoire principale
  • Sous-intrigue
  • Personnage
  • Relation

Plus vos scènes développeront de ces éléments à la fois, plus elles seront riches. À contrario, si chacune ne développe qu’un seul élément à la fois (intrigue, ou personnage, ou relation), votre roman paraîtra s’étirer inutilement. Aussi, plutôt que de tabler sur : un dialogue donnant de l’information sur l’histoire principale, privilégiez : un dialogue donnant de l’information sur l’histoire principale, mis en perspective par personnage A, ce qui provoque un désaccord avec personnage B, fragilise encore plus leur relation et donc, provoque une incertitude sur la suite de leur plan déjà château-branlant etc. etc.

Si vos scènes ne développent qu’une chose à la fois, vous les enrichirez en les fusionnant.

Une tension à l’encéphalogramme plat tu conserveras

En plus d’être bien trop gentil avec leurs personnages, les écrivains amateurs ne sont pas à l’aise avec la tension. S’il y en a une petite induite par tel événement cataclysmique, ils la résoudront au plus vite afin que tout rentre dans l’ordre et qu’ils puissent retrouver un statu quo confortable pour continuer sereinement l’activité d’écriture. Le problème ? La tension est le moteur des histoires. C’est elle qui oblige le lecteur à continuer de tourner les pages alors qu’il aurait déjà dû aller se coucher depuis une demie heure.

« Chérie, entendis-je en décrochant le téléphone, désolé mais je vais rentrer tard ce soir.
— Okay, bisous, bosse bien ! »

Essayons la même chose, mais avec un poil plus de tension (et un développement de personnage et de relation au passage) :

« Désolé mais je vais devoir rentrer tard ce soir… Chérie ? Écoute, je sais ce qu’on avait dit avec le conseiller conjugal, mais j’ai la réunion de l’année demain avec un super gros contrat à la clé, et… Enfin dis quelque chose, s’il te plaît. Je te jure, je te promets que ce n’est pas comme la dernière fois, rien à voir ;c’est vraiment mon boss m’a demandé de
— Ta pute blonde de secrétaire, elle aussi elle « rentrera tard » ?
— Sam… ? Tu sais, c’est vraiment un super contrat. Pour le coup, on a besoin de tous nos-
— Mais quelle conne, murmurai-je, quelle conne…
— Chérie, ce n’est pas-
— Pas la peine de rentrer ce soir. »
Deux heures plus tard, l’appartement était vidé.

Tandis que le premier échange est à supprimer, sans aucun désagrément pour l’histoire, la seconde scène est capitale car elle va être le moteur d’une toute nouvelle dynamique et de nouveaux événements.

Ce soir-là, je posai sa boîte à « trophées » sur le siège passager et considérai la perspective de la remettre enfin à son père.
— Trompe-moi une fois, honte à toi. Trompe-moi deux fois…  
Et je gagnai la nuit, plein gaz.

Les pléonasmes inutiles tu useras

Lorsque soudain, mon portable vibra dans mon sac à main. Je fouillai entre les clés, les paquets de mouchoir et mon portefeuille avant de l’extirper de là. Le nom à l’écran affichait « Max ». Pourquoi Max m’appelait-il maintenant, alors que je dinais avec Mike ? Peut-être une urgence ? Je swipai pour décrocher et apportai, confuse, le téléphone à mon oreille.
« Allô, Max ? »

Ce paragraphe décrit un exemple d’actions que nous connaissons tous, en plus de se répéter pour zéro information ajoutée. La version épurée est plus percutante :

Mon portable vibra. Mike vit ma confusion lorsque je décrochai :
« Max ? »

Le pléonasme n’est pas seulement « reculer en arrière » ou « SNCF en grève », il empoisonne les descriptions inutiles ainsi que l’écriture de tous les jours.

Astuce : soudain est redondant 99% du temps.

La modération tu oublieras

Cavités orbitales laminées ! Jambes, mains essouchées ! James se cambra de nouveau pour qu’un énième filet de dégueulis brûlant jaillisse d’entre ses narines. Subjugués par tant d’horreurs, il s’effondra tête la première dans les rides souillées de la terre…
Juste punition. Tout cela, il estimait l’avoir amplement mérité.

Ai-je vraiment eu le culot d’envoyer cet exact passage, AVEC les expressions soulignées, aux dix plus grosses maisons d’édition française, il y a quatre ans ? Mais pourquoi diable n’ai-je reçu que trois réponses ?  

Vouloir en faire trop peut prendre beaucoup de forme, les plus classiques sont :

1. Un vocabulaire trop développé pour la cible de l’histoire
2. Le suremploi des points d’exclamation
3.  Suremploi de l’italique pour « bien appuyer » certains faits
4.  Le bouton du volume est toujours tourné à fond : ce n’est pas angoissant, c’est inquiétant au plus haut point ; ce n’est pas joyeux, c’est le meilleur moment de toute sa vie ; il n’a pas mal, non, il n’a jamais ressenti une telle douleur de son existence TOUTE ENTIERE.

L’expression « admonesta-t-il », tu emploieras

Parlons peu, parlons incise.

— Ah ! s’exclama-t-il avec surprise.
— Qu’y-a-t-il ? m’insurgeai-je avec force.
—Quoi ? demanda-t-il. Ne l’as-tu pas vu ? cria-t-il alors.
— Pas vu qui ? hurlais-je.
— Comment ça, « qui » ? persifla-t-il moqueur, plein d’acrimonie.

Pour ce dernier commandement de l’amateurisme, nous retrouvons les quatre précédents :

  • Le pléonasme : inutile de préciser s’exclama-t-il après un point d’exclamation ou demanda-t-il après un point d’interrogation. Le avec surprise est redondant avec Ah ! Le moqueur est une répétition de persifla. Idem pour m’insurgeai-je avec force.
  • La scène vide : quand bien même cette scène n’est pas complète, ce dialogue n’apporte aucune information d’importance, si ce n’est que les deux compères ont l’air d’être aux prises avec une sacrée tempête. Or, si tel était le cas, la narration l’aurait déjà indiqué.
  • Pas de tension : à moins que le but de cette scène soit comique, il manque une tension pour donner envie de lire la suite.
  • Vocabulaire fautif : Si vos lecteurs sont obligés de stopper la lecture trois fois en cinq lignes pour aller chercher les définitions de ce que vos personnages se crachent à la figure, votre livre va vite retourner sur les étagères de la librairie, avant de faire le grand plongeon dans les caisses de l’arrière-boutique.

Dans les incises (les s’exclama-t-il avec surprise, demanda-t-il et autres hurlai-je) privilégiez le verbe « dire » 95% du temps. Rendez vos dialogues vivant en exprimant les sentiments directement dans les répliques de vos personnages plutôt que d’avoir recours aux incises. La meilleure des incises est une incise qui s’efface. 

Astuce: piqûre de rappel sur la ponctuation du dialogue.

Conclusion

Si vous ne deviez garder qu’une seule chose de cet article ce serait ceci : relax. L’une des caractéristiques d’une écriture professionnelle est sa subtilité. La seconde ? Son efficacité. Pas besoin de préciser qui parle quand les lignes de dialogue contiennent la banque de langage de vos personnages. Pas besoin de préciser son émotion quand l’enchaînement des répliques la convoie. Pas besoin d’avoir un vocabulaire que personne ne comprend pour prouver que l’on sait écrire…

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